Le Huffington Post Québec et le Huffington Post Canada ont publié cette semaine les versions française et anglaise de mon article sur les différentes déclarations absurdes de Justin Trudeau au sujet de l’économie au cours des derniers mois. La version française est reproduite ci-dessous. J’ai également fait une visite à Calgary cette semaine et donné une entrevue à la responsable des pages éditoriales du Calgary Herald, Licia Corbella. On peut lire son excellent article ici. — MB, 13 avril 2014
Les absurdités économiques de Justin Trudeau
Maxime Bernier, ministre d’État à la Petite Entreprise, au Tourisme et à l’agriculture
10 avril 2014
Devrait-on accorder notre confiance à un leader politique qui ne comprend pas les notions de base de l’économie? C’est la question qu’on peut se poser alors que le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, multiplie les déclarations absurdes en ce qui a trait à l’économie.
L’une des promesses les plus importantes du chef libéral est de ne pas augmenter les impôts de la classe moyenne. De qui parle-t-il au juste? M. Trudeau a passé la semaine dernière à se contredire et à donner des définitions étranges de ce qu’il considère comme la classe moyenne.
Il a commencé par dire que ce sont les gens « qui travaillent pour un salaire, et non ceux qui vivent de leurs avoirs et de leur épargne ». Comme plusieurs commentateurs l’ont noté, cette définition absurde inclurait les dirigeants salariés des banques qui font des millions, mais pas les retraités. Tous les économistes s’accordent pour définir la classe moyenne en fonction du revenu familial total et non pas en fonction de sa provenance.
Il est revenu quelques jours plus tard avec une autre définition aussi absurde : ce sont les gens « qui vivent d’un chèque de paie à l’autre ». Est-ce à dire que les millions de Canadiens qui réussissent à mettre un peu d’argent de côté ne font pas partie de la classe moyenne?
M. Trudeau ne semble pas avoir d’idée claire de ce qu’est la vie quotidienne des Canadiens de classe moyenne. Ce n’est d’ailleurs pas d’hier qu’il fait des déclarations étranges sur cette notion de classe moyenne. En octobre 2012, alors qu’il faisait campagne pour la direction de son parti, il avait affirmé que l’existence de la classe moyenne était la cause même de la croissance économique.
« Il ne faut jamais oublier que la croissance et le progrès passent d’abord et avant tout par une classe moyenne prospère. (…) La Chine, l’Inde, la Corée du Sud et le Brésil, pour ne nommer que ceux-là, ont connu du succès parce que des millions de gens se sont ajoutés à la classe moyenne. »
Justin Trudeau confond la cause avec l’effet en matière de développement économique. Ce n’est pas parce que leur classe moyenne a crû que la Chine et l’Inde sont devenues des succès économiques. C’est plutôt parce que ces pays ont d’abord abandonné leurs politiques socialistes et dirigistes et ont libéralisé leur économie qu’ils ont connu une forte croissance. Et c’est à ce moment que des millions de leurs citoyens ont quitté la pauvreté extrême et ont pu accéder à un niveau de vie correspondant à celle de la classe moyenne.
Plus tôt cette année, on a eu droit à une autre absurdité économique de Justin Trudeau. Dans une vidéo, il a expliqué que comme les ménages canadiens et les provinces sont énormément endettés, alors que le gouvernement fédéral a fortement réduit son niveau d’endettement depuis les années 1990, celui-ci est seul à avoir «une marge de manœuvre» pour s’endetter. Il doit donc «agir», s’endetter davantage et dépenser pour faire croître l’économie.
Peut-on imaginer une politique économique plus absurde? C’est comme le gars très endetté qui se dit en regardant les comptes de ses trois cartes de crédit: j’ai atteint ma limite sur ces deux-là, mais il me reste encore de la place sur l’autre. La meilleure façon de m’enrichir, c’est de la maximiser elle aussi. On s’en va magasiner! M. Trudeau semble oublier que c’est le même contribuable qui devra rembourser les dettes des gouvernements en plus des siennes.
Il ne semble également pas comprendre que les dépenses gouvernementales ne créent pas de richesse, et que pour relancer durablement l’économie, c’est plutôt le contraire qu’il faut faire. C’est-à-dire dépenser moins et mettre en place les meilleures conditions possibles pour que le secteur privé devienne plus productif en réduisant les impôts, en allégeant la réglementation et en faisant la promotion du libre-échange.
Il y a quelques semaines, le chef libéral y est allé d’une autre absurdité économique lorsqu’il a réagi au budget de notre gouvernement. Selon lui, il n’est pas nécessaire de se préoccuper du déficit. Il faut plutôt viser à relancer l’économie et «le déficit va s’équilibrer de lui-même».
Ainsi donc, selon M. Trudeau : plus le gouvernement dépense, plus il stimule l’économie, plus les recettes fiscales augmentent, et moins on a besoin de se préoccuper du déficit. C’est à se demander comment il se fait que le déficit et la dette ont explosé durant les années 1970, quand le père de Justin Trudeau a mis en place ce genre de politique économique irresponsable. Il ne dépensait pas suffisamment peut-être?
On peut en rire tant que ça ne porte pas à conséquence. Mais si jamais le Parti libéral accède au pouvoir, c’est la sécurité économique des Canadiens que les idées de Justin Trudeau menacent. Peut-on se permettre de prendre un tel risque?
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