CANDIDAT À LA CHEFFERIE DU PARTI CONSERVATEUR MAXIME BERNIER
CONFÉRENCE DE PRESSE
OTTAWA, ONTARIO
MARDI 31 MAI 2016
Bonjour,
Depuis que j’ai annoncé ma candidature à la chefferie du Parti conservateur, il y a une question qui m’a été posée par presque tous les journalistes, ainsi que par de nombreux militants conservateurs : « Comment conciliez-vous votre défense des principes du libre marché avec votre soutien à la gestion de l’offre? ».
Il est impossible de réconcilier ces deux concepts.
La gestion de l’offre est un système qui maintient des prix artificiellement élevés pour les produits laitiers, la volaille et les œufs par le contrôle de la production, l’interdiction des importations et la fixation des prix par des bureaucrates. C’est un cartel légal qui limite la concurrence. C’est le contraire du libre marché.
Le Parti conservateur, à l’article 117 de son énoncé de politique, appuie officiellement la gestion de l’offre. En tant que député et ministre dans un gouvernement qui soutenait la gestion de l’offre, je n’étais pas en mesure de remettre en question la décision démocratique des membres de mon parti, ni mon devoir de solidarité ministérielle.
J’ai donc appuyé cette politique même si j’avais de sérieux doutes tout au long de ces années.
Aujourd’hui, je suis candidat à la chefferie de mon parti. J’ai dit à plusieurs reprises que pour que les principes conservateurs l’emportent, nous devons les défendre ouvertement, avec passion et conviction.
Je ne peux évidemment pas défendre la gestion de l’offre avec passion et conviction. Et je pense, qu’en tant que conservateur, que nous ne sommes pas crédibles lorsque nous parlons de principes et qu’ensuite nous défendons des politiques qui contredisent carrément ces mêmes principes.
Pour moi la liberté économique n’est pas un slogan creux.
Alors, pourquoi devrions-nous changer ce système?
Parce qu’il est inefficace et fondamentalement injuste pour les consommateurs canadiens et pour nos agriculteurs.
Je comprends qu’il peut y avoir des avantages à un système de gestion de l’offre.
L’un d’eux est que dans un monde où l’agriculture est subventionnée par tous les gouvernements, la production sous la gestion de l’offre au Canada ne nécessite pas de subvention directe de la part du gouvernement.
Toutefois, elle exige une subvention beaucoup plus importante de la part des consommateurs canadiens.
C’est 2.6 milliards de dollars par année de plus que les consommateurs payent suite à la fixation des prix au-dessus de ceux du marché mondial et en empêchant la concurrence de produits étrangers.
Nous forçons toutes les familles canadiennes, en particulier celles avec des enfants et à faible revenu, à payer des centaines de dollars de plus chaque année pour leurs produits laitiers, leurs œufs et leur volaille afin de protéger 10% des agriculteurs canadiens.
Ce système est fondamentalement injuste pour les familles canadiennes.
Les défenseurs de la gestion de l’offre disent que ce système procure une stabilité de prix aux agriculteurs, mais le revers de la médaille est que ce système ne s’adapte pas aux changements de la demande et qu’il décourage l’innovation et la productivité.
La crise actuelle dans le secteur des produits laitiers avec le lait diafiltré est tout simplement la dernière illustration de ce qui se passe quand un système est trop rigide.
La gestion de l’offre est également injuste pour 90 % d’agriculteurs qui ne peuvent pas développer leurs marchés d’exportation autant qu’il serait possible autrement. Le Canada a toujours mis l’accent, lors de la négociation des accords commerciaux, sur la protection des secteurs couverts par la gestion de l’offre plutôt que sur l’ouverture de nouveaux marchés pour les autres secteurs agricoles.
Nous limitons le développement de milliers d’autres entreprises agricoles à travers le pays, et empêchons la création de milliers d’emplois afin de satisfaire un petit mais puissant lobby.
La gestion de l’offre est injuste pour toutes les entreprises du secteur de la transformation et de la préparation des aliments comme les restaurants, qui sont forcées de payer plus cher pour des produits de base et sont donc moins compétitives.
Bien sûr, nous ne pouvons pas simplement abolir le système et abandonner les agriculteurs qui ont suivi les règles imposées par les gouvernements successifs et ont investi dans ces quotas de production. Ils doivent être adéquatement indemnisés.
La meilleure solution serait de suivre l’exemple réussi de la réforme en Australie. On éliminerait graduellement, sur plusieurs années, les obstacles à l’importation, le système de quotas et celui du contrôle des prix. Un prélèvement temporaire sur ces produits serait instauré afin d’indemniser les agriculteurs pour la valeur de leurs quotas. Après une période de transition, nous aurions un système libre, ouvert et équitable pour tous, avec des prix plus bas, de l’innovation, et plus de croissance dans l’ensemble du secteur agricole.
Pour toutes ces raisons, il est temps d’avoir un débat.
Je demande respectueusement aux membres de notre parti de reconsidérer leur position sur cette question.
Au cours de l’année à venir, je vais essayer de convaincre les membres du Parti conservateur, ainsi que mes collègues candidats à la chefferie, de la nécessité d’adopter une nouvelle politique.
Nous devrions saisir l’occasion qui se présente, afin d’avoir un vrai débat au lieu de maintenir ce tabou. Il y a des lobbies très puissants dans le secteur de la gestion de l’offre. Ma circonscription est parmi celles qui ont le plus grand nombre d’exploitations agricoles soumises à la gestion de l’offre au Canada.
Mais le leadership en politique, c’est la capacité de s’attaquer à des questions difficiles, et non de les éviter.
Il y a deux ans, notre ancien premier ministre, Brian Mulroney, a suggéré qu’il était temps de considérer de mettre un terme au système de gestion de l’offre.
Il a comparé ce défi à son propre combat pour faire adopter l’accord de libre-échange Canada-États-Unis dans les années 1980.
Pour faire des réformes, a-t-il dit, il faut des dirigeants audacieux, prêts à supporter le risque politique à court terme pour obtenir les bénéfices à long terme.
Je suis prêt à prendre ce risque, parce que je crois que c’est la meilleure chose à faire pour tous les Canadiens et pour l’économie canadienne. Merci.
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