Ottawa, le 17 octobre 2016
Bonjour,
Les ministres provinciaux et territoriaux de la santé se réunissent aujourd’hui à Toronto pour discuter d’un nouvel accord avec Ottawa sur les transferts en santé. Ils seront rejoints par leur homologue fédéral demain.
Le sujet est d’une importance capitale : tous les sondages nous indiquent que les Canadiens considèrent que l’accès aux soins de santé est leur principale priorité.
Pourtant, je peux faire une prédiction : cette réunion ne va pas résoudre quoi que ce soit. Ce que nous allons voir, c’est un groupe de politiciens qui se chicanent et qui faillissent à leur responsabilité première, celle de trouver des moyens plus efficaces d’offrir des services de santé de première classe à tous les Canadiens. Et en même temps trouver des solutions au fait que les coûts des soins de santé augmentent à un rythme insoutenable et mettent de plus en plus de pression financière sur les budgets des gouvernements.
Nous connaissons déjà le scénario. Les provinces vont quémander plus d’argent à Ottawa. Et le gouvernement fédéral va essayer de dicter comment et où l’argent sera dépensé. Tout cela, en dépit du fait que la santé est une compétence constitutionnelle exclusive des provinces.
Quoi qu’il arrive, de plus en plus d’argent sera dépensé. Mais les Canadiens ne seront pas en mesure d’obtenir de meilleurs services. Et ils ne sauront pas qui est vraiment responsable de cela.
Pourquoi sommes-nous dans cette situation ? Ce ne peut pas être parce qu’Ottawa ne contribue pas suffisamment au financement des soins de santé. Les montants transférés aux provinces ont augmenté de 80 % entre 2006-07 et cette année, de 20 milliards $ à 36 milliards $. Pendant ce temps, toutes les autres dépenses de programmes fédéraux n’ont augmenté que de 50 %.
Les 6 % d’augmentation que notre gouvernement conservateur a accordés, année après année, sont bien au-delà de ce qui aurait été un taux d’augmentation normal, compte tenu de la croissance économique et démographique.
Nous aurions pu nous attendre à ce que ce financement accru aide à résoudre les problèmes d’accès qui affligent notre système de santé. Mais cela n’a pas été le cas. Le Canada a le douteux honneur d’avoir les pires temps d’attente de tous les pays développés.
Selon les études menées par le Commonwealth Fund, le Canada est bon dernier dans les classements internationaux des pays développés en ce qui concerne les temps d’attente en salle d’urgence, pour consulter un médecin ou pour obtenir un traitement.
Le problème n’est pas l’argent. Le Canada est parmi les pays de l’OCDE qui dépensent le plus en soins de santé après ajustement avec l’âge de la population.
Le problème fondamental est que nous sommes le seul pays développé où le gouvernement a un monopole sur les soins médicalement requis.
Il est temps de briser le tabou entourant le rôle du secteur privé dans les soins de santé. Je suis d’accord que nous ne devrions pas suivre le modèle américain, qui coûte beaucoup plus cher que le nôtre et exclut trop de personnes sans assurance. Mais ce n’est pas le seul autre modèle disponible.
Mis à part les États-Unis, tous les autres pays de l’OCDE ont des systèmes de santé universels mixtes, sans monopole public comme au Canada. Ils offrent tous plus de services hospitaliers par l’entremise du secteur privé que le Canada. Pourtant, ils sont aussi tous des systèmes universels où tout le monde est couvert par des assurances publiques et privées.
Les patients de ces pays ont beaucoup plus de choix que les Canadiens. Ils peuvent être traités dans les hôpitaux publics ou privés et c’est le gouvernement qui paie pour les traitements. En Allemagne, Australie, Espagne, France et Italie, plus d’un tiers des hôpitaux sont privés et à but lucratif. Au Canada, il n’y en a aucun.
Tous ces pays ont de meilleurs résultats en soin de santé que le Canada. Personne ne se voit refuser des soins en raison d’un faible revenu. Les temps d’attente sont inexistants ou très courts. Personne n’est privé d’un traitement pendant des mois ou des années en étant placé sur une liste d’attente interminable.
Pourquoi ne pouvons-nous pas faire la même chose ? Pourquoi ne pouvons-nous pas réformer notre système de soins de santé pour le rendre plus flexible, moins bureaucratique et plus sensible aux besoins des patients ?
Ceux qui croient en un gouvernement plus gros, des bureaucraties plus tentaculaires et des syndicats plus envahissants ne veulent pas que les Canadiens soient au courant de tout cela. Chaque fois que quelqu’un pose la question du rôle du secteur privé dans les soins de santé, ils crient à l’« américanisation » ou aux « soins de santé à deux vitesses ». Ces peurs irrationnelles nous empêchent d’avoir un débat constructif et d’envisager des solutions pragmatiques qui sont mises en œuvre dans tous les autres les pays développés, en Europe, au Japon, en Australie.
Je donne mon opinion ici non pas comme politicien qui propose de faire ces réformes, mais en tant que citoyen. J’aimerais que mes parents, mes deux filles, et tous les canadiens soient en mesure de bénéficier des mêmes soins de santé efficaces que les citoyens de ces pays développés. Mais il appartient aux provinces de mettre en œuvre ces réformes. Ottawa ne peut que mettre en place les bonnes conditions pour les encourager à le faire.
Rappelez-vous que lorsque notre gouvernement a été élu en 2006, l’une des cinq priorités de notre plate-forme électorale était la mise en place de garanties pour les délais d’attente. Des centaines de millions de dollars ont été distribués dans différents programmes et aux provinces pour mettre en œuvre cette promesse. Dix ans plus tard, les temps d’attente sont aussi mauvais ou pires que ce qu’ils étaient.
Lancer plus d’argent du gouvernement fédéral sur ce problème ne va pas faire de différence. Au contraire, cela fait partie du problème. Pourquoi les gouvernements provinciaux prendraient-ils des décisions difficiles s’ils peuvent toujours blâmer Ottawa parce qu’il n’envoie pas assez d’argent ?
Alors, que faut-il faire ? Nous devrions nous débarrasser du système dysfonctionnel actuel en matière de financement des soins de santé. Et le remplacer par un autre qui incitera les gouvernements provinciaux à adopter les réformes nécessaires.
Voilà pourquoi je propose de remplacer le Transfert canadien en matière de santé par des points d’impôt d’une valeur équivalente qui sera remise aux provinces, selon un modèle déjà utilisé pour plusieurs programmes depuis les années 1960. Il n’y aura plus de transfert d’argent par Ottawa. Les provinces percevront l’argent elles-mêmes et décideront quoi faire avec ces sommes.
Cette proposition n’est bien sûr aucunement originale. Elle a été défendue par des gouvernements québécois successifs pendant des décennies, quel que soit le statut politique qu’ils favorisaient pour le Québec.
Il y a plusieurs années, Preston Manning et Mike Harris ont fait une proposition similaire dans leur série Pour un Canada fort et prospère, publiée par l’Institut Fraser et l’Institut économique de Montréal. Des économistes réputés, tels que Jack Mintz, ont également plaidé en faveur de ce type de réforme.
Si je suis élu chef du Parti conservateur et premier ministre, je vais mettre en œuvre cette forme de fédéralisme responsable pour le financement du système de santé canadien.
Ma campagne est basée sur quatre thèmes : la liberté, la responsabilité, l’équité et le respect.
Les libéraux ont essayé pendant des décennies de centraliser la gestion des soins de santé, en utilisant le soi-disant pouvoir de dépenser d’Ottawa. Le gouvernement fédéral devrait plutôt RESPECTER notre Constitution. L’ingérence d’Ottawa a seulement suscité la confusion concernant la responsabilité des différents paliers de gouvernement, sans aucun résultat positif en termes de réduction des temps d’attente.
En même temps, les gouvernements provinciaux doivent assumer leur pleine RESPONSABILITÉ pour la gestion des soins de santé. Ils devraient être imputables devant leurs électeurs pour les succès ou les échecs dans leurs tentatives de résoudre ces problèmes.
Avec cette réforme, les provinces n’auront plus d’excuses, mais auront au contraire tous les moyens d’apporter des solutions novatrices. Elles ne pourront plus quémander toujours plus d’argent d’Ottawa et elles ne seront plus en mesure de blâmer Ottawa pour leur incapacité à réduire les temps d’attente. Cela va les forcer à être plus innovantes et à prendre les décisions difficiles qui sont nécessaires pour obtenir des résultats concrets.
Les Canadiens attendent depuis trop longtemps, à la fois lorsqu’ils veulent voir un médecin et pour une vraie réforme de notre système de soins de santé. Je leur demande de m’appuyer pour que nous puissions enfin appliquer le bon traitement ayant fait le bon diagnostic.
Merci.
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